les filles de la 12e rue

Les filles de la douzième rue, elles vivent dans ma tête.

Il y a bien longtemps, j’était journaliste. Pas une grande journaliste! Enfin, je me voyais journaliste. J’étais motivée à trouver des choses intéressantes à raconter. C’est un peu étrange d’écrire ce que j’ai vu. Ça aurais du être quelqu’un plus compétent, plus aguerrit, à trouver et raconter.

C’est les filles de la 12e rue. Elles étaient une dizaine, d’âge différent. Quand je suis arrivée, deux d’entre elles, deux jeunes de 17 ans peut être, étendaient des vêtement blancs sur une corde à linge, dans la cour arrière. Elles aussi était habillées en blanc. Tout était très calme. Moi, je marchais depuis longtemps alors je voyais leur maison de loin. Je les voyais étendre les habits. Il y avait une clairière un peu bossue et une grande forêt à côté. Je suis allée dans cette forêt aussi, il y avait une femme qui y vivait. Elle m’a raconté des choses aussi.

Bref. Mes mains tremblent, je m’emporte. La première femme qui a répondu a mes questions était la plus vieille des filles. Nous étions assises dans la cour arrière. J’attendais avec mon cahier, je la regardais. Elle me dit, lentement: «je suis la plus vieille, car mes aïeules sont mortes. » Sans bouger, je dit: Je comprends. Je vous écoute.

Elle ne dit pas grand chose sur les filles. Tout ce qu’elle me dit, je le savais déja. C’était elles, qui ne savaient ce que je savais, qui n’ont vu ce que j’ai vu.

Une robe dans l’eau, blanche.

Chansons et rues désertes.

Mémoires de grand -mère et autres grand-mères.

Et je restait là, sans parler, à la regarder.

Et puis cette forêt, qui me susurrait à mon oreilles des comptes et des avertissements. Des visions de filles sombres qui partirent on ne sait pourquoi.

Sur le tronc d’un arbre

l’écorce rêche se déchire

Froid, le bois tient

Sucré ou humide est sa chair.

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